Elles répondent au doux nom de ragnagnas, ours ou lunes. Nos chères règles, occupant un temps fort long dans le mois comme dans la vie, ne sont que la partie émergée de l’iceberg qu’est notre cycle menstruel. Vous voulez savoir si c’est normal que Rose soit menstruée tous les 35 jours ? Comment l’ovulation refait tous les mois la déco de votre utérus façon homestaging ? Pourquoi vos hormones vous font osciller entre soirée disco et ambiance fin du monde ? C’est parti pour une découverte légèrement décalée de votre cycle menstruel !
La durée du cycle menstruel, une science pas tout à fait exacte
La durée du cycle menstruel selon le manuel de SVT du collège
Vous vous revoyez, en classe de SVT, ricanant devant le schéma en coupe de l’utérus féminin, rougissant lorsque le prof parlait ovule, règles et spermatozoïde ? N’empêche qu’entre deux blagues des copains, vous avez quand même retenu quelques notions concernant le cycle menstruel.
Déjà, que la durée moyenne dudit cycle est théoriquement de 28 jours, du 1er jour des règles à la veille des suivantes.
Ensuite… c’est tout, ok. Le reste des informations sur notre féminité, on l’a un peu appris sur le tard (comprendre : quand on s’est mises à galérer avec nos règles de jeunes filles et nos serviettes hygiéniques trop épaisses).
Pour résumer, la nature n’aimant pas la monotonie et chaque femme étant unique, un cycle menstruel complet peut s’étendre de 21 à 35 jours sans problème. On parle alors de cycles courts et de cycles longs. Oui, mais si ça change chaque mois ?
Cycles réguliers, cycles irréguliers : surprise !
C’est là qu’intervient le concept de cycles réguliers ou irréguliers. Si vos règles débarquent tous les 33 jours, c’est long, mais si c’est tous les mois pareil, c’est un cycle régulier et c’est ok.
Vos menstruations vous organisent un rendez-vous surprise à plus ou moins 5 jours à chaque cycle ? Votre période menstruelle est imprévisible en termes de durée et d’abondance ? Là, on est clairement sur un cycle irrégulier. Mais pourquoi ? Pourquoiii ?
Plusieurs explications sont possibles à ces cycles irréguliers :
Causes physiologiques : au choix, ce sont vos premières règles, vous venez d’accoucher, vous avez changé de contraception hormonale ou vous êtes en préménopause.
Causes liées à votre mode de vie : l’alimentation, le niveau de stress, la pratique extrême d’un sport, des troubles du sommeil peuvent engendrer irrégularité des cycles, voire aménorrhée.
Causes pathologiques : certaines maladies, comme le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), un fibrome utérin, des polypes, une endométriose influent sur la régularité des cycles. Si vous avez d’autres symptômes ou douleurs associés, filez consulter votre gynécologue !
Les phases principales du cycle menstruel
L’ovulation, aboutissement de la phase folliculaire
Toute cette histoire de cycle menstruel, finalement, ce n’est que la préparation de notre corps à enfanter. La grande première phase ou phase folliculaire regroupe l’ovulation et, en amont, sa préparation. L’utérus prépare un petit nid douillet à l’ovule tout chaud qui va être libéré, et si celui-ci n’est pas fécondé, tout recommence au cycle suivant.
Ce remake d’ « Un jour sans fin » vous est offert par une hormone, la FSH ou hormone folliculo-stimulante. La FSH se charge de faire grossir un stock de follicules dont un seul, nommé employé du mois, aura le droit de libérer un ovule.
Multi tâches, la FSH stimule aussi la production d’œstrogène. Grâce aux oestrogènes, l’utérus se fait beau, tout gorgé de sang, d’endomètre épaissi (= turbulette pour embryon) et, au niveau du col, de glaire cervicale (tapis rouge à spermatozoïdes).
Une nouvelle hormone entre en jeu au jour 14 : la LH, hormone lutéinisante, qui donne tout pour faire aboutir l’ovulation. Le pic de LH libère l’ovule qui descend de la trompe de Fallope jusque dans l’utérus, où il croise les doigts pour être fécondé. Pas de spermatozoïde vainqueur : c’est le début de la fin, autrement appelée phase lutéale.
Clap de fin ou éternel recommencement ? La phase lutéale et les règles
On aurait tendance à les considérer comme la fin du cycle menstruel (ou du monde), mais les règles en marquent le début ! En vrai, elles sont la conséquence de l’absence de fécondation de l’ovule, donc règles = pas de grossesse.
Reprenons notre cours de SVT : notre utérus a passé la moitié du cycle à refaire la déco en vue de bébé. Les hormones, qui ont fait la bamboche durant 14 jours, commencent à fatiguer : c’est le début de la phase lutéale. Leur dosage diminue tranquillement, et pour cause : le corps jaune, follicule dominant sur le déclin et gros producteur d’œstrogène et progestérone, se détruit. La LH n’est plus sécrétée. Et paf : 28 jours (en théorie, vous avez compris) après les précédentes, les règles reviennent.
Adieu endomètre épaissi et vaisseaux sanguins irriguant la paroi de l’utérus… Tout ceci quitte le nid en mode pertes de sang voire de caillots, direction le vagin et votre culotte menstruelle super absorbante : bonjour les règles et un nouveau cycle menstruel !
Le cycle menstruel et ses répercussions dans le corps et dans la tête
Pendant mon cycle menstruel, mon corps fait sa vie
Eh oui, on ne joue pas impunément avec FSH, LH et consorts sans que tout le corps s’en ressente. Ce qui se passe à Vegas (aka votre utérus) ne reste pas forcément à Vegas… Lorsque ces hormones sont sécrétées en pic, voilà qu’on ne maîtrise plus rien. Dans le désordre :
la glaire cervicale se fluidifie. Vous vous souvenez du tapis rouge à spermatozoïdes ? On est même sur du tapis roulant : la glaire tapissant le col de l’utérus aide ces messieurs à glisser en direction de l’ovocyte. Merci les oestrogènes !
les désagréments féminins commencent. Les seins se tendent, le ventre gonfle et peut être douloureux. Parfois, maux de tête et nausées s’invitent à la fête. Au choix : vous ovulez, ou vous êtes en plein SPM (syndrome prémenstruel). C’est la fête.
votre humeur devient un poil compliquée. Sautes d’humeur, irritabilité, troubles du sommeil ? C’est le combo gagnant du SPM, conséquence de la chute des hormones.
la température basale (la plus basse au réveil) de votre corps augmente juste avant l’ovulation et jusqu’à la fin du cycle menstruel. Sortez le thermomètre !
Mon cycle menstruel, le cycle lunaire et mes humeurs
Avoir ses lunes, vous connaissez l’expression ? Après la SVT, le cours de latin : le mot menstruations vient de mensis, signifiant « mois », et de mene, terme grec qui veut dire « lune ». Comme par hasard !
Eh oui : tant sur la durée que sur les différentes phases, cycle menstruel et cycle lunaire ont pas mal de similitudes… Voyez plutôt :
Un cycle lunaire dure 29 jours, là où votre cycle menstruel dure (en théorie, on sait) 28 jours.
Le cycle complet de la Lune va, en croissant, de la Nouvelle Lune (ou Lune Noire) à la Pleine Lune, apogée du cycle. Puis elle redescend en Lune Décroissante vers une prochaine Nouvelle Lune.
Quand on regarde notre cycle menstruel de près, ça fonctionne pareil ! Le cycle commence avec nos règles, cette sombre période, puis la phase folliculaire met nos hormones, notre tête et notre corps en émoi jusqu’au point culminant de l’ovulation… S’ensuit la chute progressive du taux d’hormones qui nous mène inexorablement vers les prochaines menstrues.Et quand on dit que la Lune joue sur notre humeur, force est de constater que notre cycle menstruel aussi.
Un parallèle très intéressant qui, plus sérieusement, nous invite à écouter un peu ce corps qui semble parfois avoir une vie autonome. Les cours de SVT du collège, c’était un bon début, mais comprendre ce cycle menstruel sans fin, avec un peu d’humour pour faire passer la pilule, c’est encore mieux !
À découvrir aussi sur Marguette :