L’histoire des règles, c’est avant tout une histoire compliquée. La femme a toujours été l’objet de croyances, mi-sorcière capable d’enfanter, mi-être inférieur à son pendant masculin. Et lorsque les menstruations s’en mêlent, on imagine bien le tabou culturel qui peut s’instaurer. En Inde, en Afrique, en Extrême Orient comme en France, femmes et filles sont confrontées à des difficultés d’accès aux protections hygiéniques. Avoir ses règles dans le monde, c’est tout aussi naturel que compliqué. Tour d’horizon des traditions qui dérangent.
Les règles dans le monde, un véritable tabou culturel et social
Les règles en Inde : les femmes mises à l’écart
Des femmes qui deviennent impures, des jeunes filles maintenues dans l’ignorance de ce sang honteux, telle est la réalité des règles dans certaines castes en Inde. Les interdictions se multiplient envers les Indiennes durant leurs menstruations. Elles ne peuvent plus s’asseoir sur leur propre canapé, entrer dans leur cuisine, partager le lit conjugal, pénétrer dans un temple. Les protections hygiéniques, sales, sont jetées dans une poubelle séparée.
Les règles d’ailleurs, on n’en parle pas : certaines jeunes filles vivent donc leurs premières menstruations sans information à ce sujet, souvent effrayées par les pertes de sang. Elles doivent se bricoler des protections hygiéniques de fortune faites de vieux tissus et sont élevées dans la honte de leur corps et de ces règles qui s’en échappent.
En Afrique, les règles et l’exclusion scolaire
En Afrique, la situation est similaire pour de nombreuses jeunes filles. Au Malawi par exemple, elles découvrent ce que sont les règles le jour de leur arrivée et apprennent par la même occasion à fabriquer des protections avec les moyens du bord.
Dans d’autres pays comme le Togo ou le Bénin, les règles sont considérées comme sales ou impures. Les femmes ne cuisinent pas et peuvent être éloignées du domicile conjugal.
La scolarité des jeunes filles est également très affectée par les menstruations : les conditions d’hygiène et l’accès à des toilettes sont loin d’être des acquis. Impossible alors de changer de protection périodique à l’école, d’autant que les saignements sont un sujet de moquerie assimilé à la sexualité par les garçons. L’absentéisme durant les règles est un fléau pour l’éducation et l’égalité des filles sur le continent africain.
Avoir ses règles au Népal et être exilée
Au Népal, certaines croyances perdurent envers les jeunes filles et les femmes en période de menstruations. Le Chaupadi, vieille tradition népalaise, les a longtemps obligées à fuir leur village et s’isoler dans une hutte durant leur semaine de règles. Ces conditions insalubres et précaires mettant leur santé en danger, cet exil forcé a été légalement interdit en 2005. Cela n’empêche pas la pratique d’être encore parfois appliquée, et des filles d’en mourir.
Les menstruations et les croyances en Afghanistan
Les règles en Afghanistan sont entourées de tabou et d’un certain nombre d’interdictions issues de mythes ancestraux. Ainsi, l’eau ne doit pas entrer en contact avec les parties intimes des femmes, car elles risqueraient la stérilité. Elles ne peuvent donc pas se laver ni s’asseoir sur un sol mouillé.
Les jeunes filles et femmes n’ont également pas le droit de manger certains aliments ou de boire de l’eau froide.
Les règles en Occident, c’est vraiment mieux ?
Les pays occidentaux sont loin de détenir la palme de la tolérance en matière de tabous liés au cycle menstruel. Sang bleu dans les publicités de protections périodiques, serviettes hygiéniques et tampons que l’on cache au bureau, douleurs menstruelles tues au profit d’une « migraine » … Des situations que toute femme a déjà vécu, en France ou ailleurs. Le congé menstruel instauré au Japon depuis des décennies, révolutionnaire sur le papier, n’est finalement que peu utilisé par les japonaises car mal considéré.
Le rejet qui a toujours entouré le corps et la santé intime de la femme recule pourtant peu à peu, mais au prix d’une longue lutte. La démocratisation des cups et des culottes menstruelles, où la femme appréhende enfin son sang et redevient maîtrsse de son corps, y est sans doute pour quelque chose. Chez Marguette, nous sommes fières d’y contribuer !
La précarité menstruelle, quand les protections sont inaccessibles
Au-delà de la question sociale et culturelle liée au cycle féminin, la précarité menstruelle est l’autre fléau des règles dans le monde. Des millions de femmes y sont confrontées chaque mois.
L’accès aux protections périodiques n’est malheureusement pas un droit et le prix des serviettes hygiéniques reste inaccessible dans de nombreux pays du monde touchés par la pauvreté. Ainsi, des protections de fortune souvent insalubres et dangereuses pour la santé sont utilisées, causant infections, maladies et inconfort.
Heureusement, de nombreuses associations œuvrent pour procurer des serviettes hygiéniques jetables mais aussi lavables à chaque femme. L’Unicef s’est également engagée à informer sur les règles dans les écoles, afin d’éradiquer un tabou qui ne devrait plus l’être.
D’ailleurs, nul besoin de parcourir le monde pour parler de précarité menstruelle et de problème de santé publique. En France, 20% des femmes et jeunes filles auraient déjà été confrontées à ce sujet tabou. L’association Règles Élémentaires organise des collectes afin de recueillir des produits d’hygiène intimes (serviettes, tampons et autres dons). Son objectif : sortir les femmes de la précarité menstruelle. Elle pallie ainsi, à sa mesure, le manque d’une véritable politique de santé publique concernant les protections féminines et tout ce qui entoure le cycle menstruel. Dans certains pays a été votée l’exonération de TVA sur ces produits de première nécessité… La France n’en fait toujours pas partie.
Le chemin est encore long pour que les inégalités entourant les femmes et les règles dans le monde ne soient plus qu’un mauvais souvenir. En communiquant sur les menstruations, en éduquant nos filles et nos garçons à l’école, en libérant la parole de chaque femme, l’espoir est totalement permis !
À découvrir également sur Marguette :
Les mythes autour des règles
L’organe sexuel féminin